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Second LIFE

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Tôle découpée / 2014.


Slim Gomri, plasticien.Bouleverse les frontières.Texte : Martine Geronimi.


C’est d’une étonnante métamorphose dont je vais vous entretenir, celle d’un artiste photographe passionné d’art, Slim Gomri. A force de réflexion sur l’art, le sien et celui des autres, il a su se renouveler au point de transgresser les frontières entre les genres artistiques et nous présenter une exposition fort originale dans laquelle la photographie a totalement disparu au profit de la tôle et de l’acier.
Quand on l’interroge sur cette transformation, Slim nous explique que sa démarche est toujours fondée sur la photographie, du moins sur les techniques de photographie associée à ses projets. Le deuxième élément pour comprendre son œuvre présentée à la galerie El Medina repose sur sa passion d’une plante qui trône dans son univers personnel, un immense philodendron qu’il photographie inlassablement depuis des années. A partir de ses clichés, tout un jeu de relecture se fait jour grâce aux tirages en noir et blanc et à l’élimination des tons de gris. L’artiste attache alors une importance aux reconfigurations obtenues, à la sensation d’effacement des pleins et des vides, au brouillage des matières de la substance et de l’écorce. Toute une réflexion sur les frontières intérieures et extérieures qui s’estompent. L’étape ultime de ce bouleversement artistique est la réalisation d’une intuition devenue volonté, celle de changer de support, de radicalement passer de l’image au concret, du cliché au support métallique.
Le travail artistique de Slim Gomri est éminemment contemporain, il utilise les matières et les savoir-faire du XXIe siècle pour servir son propos d’artiste d’aujourd’hui. Il a eu recours aux logiciels de dessin, compatibles avec les machines industrielles, afin de réaliser une translation novatrice et extrêmement passionnante: amener le vivant à s’incarner dans l’inerte, dépasser la frontière artistique manuelle en lui faisant franchir l’étape industrielle. Avec cet appel aux ouvriers d’usine pour réaliser en partie son œuvre abstraite, il réussit à relier deux mondes qu’on croit incompatibles, il donne vie à ses réflexions comme un scientifique fait des expériences pour prouver ses intuitions. En commettant cette transgression, il réussit à produire une œuvre originale. On est en plein dans un processus de création artistique qui d’ailleurs est soutenue par la stratégie retenue de ne créer que des pièces uniques, aucune tentation de production en série à la manière des designers industriels.
L’autre intérêt de cette exposition, mis en évidence par son titre, Second Life, est ce jeu subtil entre le dialogue de l’artiste sur le Temps… et la rouille qui recouvre les plaques de récupération qui ont servi à produire les pièces exposées. On plonge en les regardant dans une réflexion intime sur la renaissance… des choses et des êtres, dans ce «Reuse» à l’américaine, dans ce recyclage artistique et salvateur d’un déchet industriel transformé en œuvre d’art. Cette deuxième vie est un puissant terreau de créations artistiques qui s’appuie sur une philosophie écologique et durable. C’est également un moment intense d’approfondissement de la pensée sur l’histoire, sur ce futur antérieur, cette projection du passé dans l’avenir grâce à la démarche de l’artiste Slim Gomri.
Un artiste plasticien que l’on se doit de suivre absolument!

par Martine Geronimi dans Maisons de Tunisie MdT

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